Sept moyens de Locomotions, en 32 heures de temps.
80 km/h sur les pistes poussiéreuses et défoncées par le passage des véhicules, et 120 sur les routes goudronnées mais largement parsemées de nids de poules. Sans parler des vaches, chevaux, moutons ou autre quadrupède qui ne prêtent que trop peu d’attention au « gauche, droite, gauche encore, et on traverse ». Non, nous ne sommes pas à bord d’un gros 4×4, avec un énorme pare-buffle, mais dans un minibus de marque Toyota avec de petites roues et 11 personnes à bord.
Le trajet Huzir (sur l’île d’Olkhon) – Irkutsk qui était annoncé à 6h nous en prendra moins de 5. Plus rapide qu’à l’aller, record a battre !
De retour à Irkutsk nous traversons la ville de long en large à la recherche d’une Poste. Malgré « l’aide » des passants, qui nous ferons visiter tout le centre ville, nous n’en trouvons une qu’au moment d’abandonner nos recherches, sur la route en direction de la gare. Une bière dans le bar d’en face histoire de fêter ça !
A travers cette balade imprévue, nous découvrons plus en profondeur cette petite ville qui, de par le Baïkal, est une étape presque obligatoire pour les voyageurs du Transsibérien. Poussiéreuse, beaucoup de monde dans des ruelles plutôt larges, des petit commerces et des vendeurs de rues, un tramway datant d’une autre époque, et, une Tour Eiffel à l’échelle 1/300ème qui orne la devanture d’une boutique. Seul réel point de comparaison possible avec la capitale Française, de celle dont on dit être le « Paris de Sibérie ».
Direction la gare donc. Où, au passage, nous découvrons une autre Poste ! Sans regret, la balade à travers le centre ville en valait la peine.
Une poste à Irkutsk.
Cette fois nous voyageons en Platzkart, wagon n°15. Un long dortoir donc. En attendant que la Provodnitsa vienne contrôler nos billets et nous distribue draps et housses, un rapide échange se fait avec nos voisins de couchette. Rapide parce que la fatigue nous a largement gagnée, les paupières tombent et la seule envie qu’on ait est de pouvoir enfin nous allonger sur nos matelas respectifs.
La nuit ne sera pas des plus reposantes. Une chaleur étouffante, amplifiée par nos couchettes hautes, a envahie le wagon.
9 heures mais seulement « 350 » km plus tard, nous sautons du train n°362. A 7h du matin, la gueule encore enfarinée et avec cette impression d’avoir dormi dans un Sauna, nous sortons de la gare d’Ulan-Oude. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un chauffeur de taxi qui nous saute dessus mais nous qui sautons sur le chauffeur de taxi. « Bus Station ? ». On négocie le prix et, ok, c’est parti. Quelques ruelles plus tard, nous y voilà. Y’a plus qu’à trouver le bon bus, un Marshrutka (depart when full), la raison de notre « course » depuis l’arrivée à Ulan-Oude, le bus pour la frontière mongole part quand il est plein. Ce qui peut être très rapide mais aussi extrêmement long. Et comme la fin de nos visas russes se compte maintenant en heures (24, une marge tout de même), et que la frontière ferme à 18h, on préfère sauter dans le premier. Avec l’aide d’un étudiant mongol qui rentre chez lui, à Ulan-Bator, nous trouvons rapidement le bus en question. Les deux dernières places sont pour nous. Le temps de compacter nos sacs à l’arrière, de payer avec nos derniers roubles, et le chauffeur prend le volant. C’est parti pour 4 heures de bitume à travers des paysages de steppes légèrement vallonnées.
« La nuit ne sera pas des plus reposantes. Une chaleur étouffante, amplifiée par nos couchettes hautes, a envahie le wagon »
Arrivée à Khyagt, ville frontalière côté Russe, nous devons encore prendre un taxi pour parcourir les 4km qui nous séparent du poste de frontière. Ce que nous ferons avec l’étudiant rencontré dans la station de bus, à Ulan-Oude, et son ami.
Ca y est, nous sommes à quelques dizaines de mètres du territoire mongol. Interdiction par contre de traverser le no man’s land qui sépare les deux pays à pied, nous devons monter à bord d’une des voitures qui attendent dans une courte file. A 150 roubles par personne, sans avoir besoin de négocier, c’est une habitude pour les locaux de faire traverser les piétons en échange d’une petite somme, nous chargeons nos sacs à l’arrière de la première venue.
A quelques mètres de la douane russe, un militaire contrôle voiture et chargement. « Do you have any small things ?… », « Drugs ? » et un palpage de nos sacs lui suffira pour nous laisser continuer. Les jeunes mongols ont droit à une fouille plus minutieuse de leurs valises, mais toujours pas de quoi faire pâlir un passeur de drogue. A peine plus loin nous ressortons de la voiture pour faire passer, l’un après l’autre, nos passeports à la douanière qui dans son minuscule bureau effectue un travail passionnant : tamponner les visas de la mention USED.
La douane mongole est plus rapide. Les ressortissants français n’ayant actuellement plus besoin de visa pour un séjour inférieur à 30 jours, un simple tampon sur la dernière page du passeport suffit. On remonte dans la voiture et quitte le no man’s land administratif pour la Mongolie. Here we are !
Venus jusqu’ici avec l’idée de reprendre un taxi pour rejoindre Sukhbaatar, à 26km de là, pour y prendre un train de nuit jusqu’à Ulan-Bator, nous acceptons finalement la proposition de nos deux étudiants mongols et partageons un véhicule qui nous amènera jusque dans la capitale. En toute logique nous faisons confiance aux locaux, pensant qu’ils doivent être plus au courant des « bons plans » que nous ! On ne saura jamais la vérité de l’histoire, mais ayant relâché l’attention le temps d’un passage aux toilettes, nous n’avons jamais vu nos jeunes apprentis arnaqueurs payer le chauffeur. Alors que la somme qu’on nous réclame pourrait être celle pour tout le taxi. C’est forcément avec un goût amer que nous parcourons les 350 km jusqu’à UB.
« 350 km de steppes arides, couleur jaune et grise, brûlée par le soleil et le vent »
350 km de steppes arides, couleur jaune et grise, brûlée par le soleil et le vent. Une route partiellement inexistante et parsemée sur ses bords de déchets en tout genre, plastique et bouteilles de vodkas brisées. Les quelques ruisseaux qu’on aperçoit engloutissent ces déchets pris au vent, piégés dans leur lit. Quelques yourtes mais autant d’enclos faits de béton.
L’arrivée à Ulan-Bator n’embellit pas le portrait. Une longue artère file droit à travers une agglomération qui vit au son des klaxons. Largués en plein centre ville dans une foule dense, nous nous frayons un chemin jusqu’au Sukhbaatar square, à l’ouest duquel nous devrions retrouver la guest house où sont Jérémie et Juliette. Sur le chemin nous entendons parler français. Sautant sur l’occasion nous abordons ce couple d’expatriés de la cinquantaine et leur enfant. Pour seul conseil Monsieur nous indique l’ouest à l’est et nous fait promettre de « faire très attention à nos sacs », « il y a des pickpockets partout ». On les regarde repartir d’un pas pressé, comme s’ils fuyaient quelque chose. L’homme, au regard pâle, tenant fermement la main de sa femme autant que son sac, et le gamin accroché à sa mère, se demandant peut-être dans quel monde ses parents l’ont amené ?
3 Comments
eh ben dites donc!!! charmante, votre petite promenade! mais je suis persuadée que ça en valait la peine et que la suite de l’aventure mongole vous a réservé de magnifiques paysages et de belles rencontres. Viiiiite!!! la suite de l’histoireuuuuuhhh!!! 😀
A gauche la mer , à droite les Cévènnes , devant la Mongolie: votre expédition me fait un agréable dimanche.
Content d’embellir tes week-end ! On essaye de te réserver une plus belle histoire pour dimanche prochain 😉