Les cyclistes portugais croisés il y a quelques jours nous avaient prévenus : « le visas à la frontière pour le Cambodge c’est pas 25 dollars ni 23 mais bien 20 ! Comme indiqué sur les Lonely planet et autres bibles du routard.
Sur la route qui mène à cette frontière on ne croise plus personne depuis plusieurs kilomètres, si on avait été dans un pays en guerre on aurait appelé ça un no man’s land. Au bout d’une longue ligne droite on aperçoit enfin ce qui ressemble à un gros poste frontière. C’en est un mais il est encore en travaux, les finitions. En attendant on le contourne par une piste de terre pour rejoindre une cabane faite de planches de bois.
On est encore au Laos et on s’apprête à remplir les formalités de départ, deux coups de tampon comme en quittant la Thaïlande. Un sur le visa en lettres majuscules rouge marquées U-S-E-D et un deuxième avec la date du jour.
Celui qui, caché derrière une vitre teintée, représente l’autorité, nous explique dans un mauvais anglais: « Money, 2 dollars for stamp ».
On discute, un peu mais pas trop, on tournerait en rond. Il nous tend les passeport, « no money, no stamp ! ». Je risque un « no pain no gain » interrogatif mais ça ne le fait pas rire, au contraire. A travers la petite ouverture dans la vitre qui doit lui permettre d’encaisser plusieurs dizaine de dollars par jour de la part de touristes pressés, mais aussi de cambodgiens et laos certainement intimidés, on aperçoit sa jambe qui, honteuse de cette tentative d’escroquerie, tremble face à ces voyageurs trop sûrs d’eux. On a le temps et le jeu nous plait, on s’installe sur les marches en bois qui montent au « departure office » et attend.
Deux touristes espagnoles arrivent, elles négocient le coup de tampon à un dollars et partent vers le Cambodge en prenant soin de nous préciser que le comportement de cet agent est inadmissible… comme pour s’excuser.
On retourne voir l’homme qui vient de se décrédibiliser et lui demande s’il ne veut pas nous faire une ristourne aussi, moins 100%.
Pas peu fiers, on repart 10 minutes plus tard avec nos deux passeports tamponnés.
Bye bye Laos, bonjour Cambodge ! On échange la cabane en bois contre un abri fait de bâches et on commence par… une visite médical. Visite médical qui se limite à de grands sourires, trois mots de cambodgien et une prise de température, 36,5 pour Raff et 35,9 pour moi. « One dollar each », ça en devient rigolo ! On les remercie et commence à se diriger vers le prochain cabanon. L’un des deux « médecins » nous interpelle en nous disant « ok it’s free for you », avec un sourire gêné et en nous tendant des bananes, cadeau de bienvenue certainement…
Prochaine étape, l’achat du visa. « 23 dollars each ». Et non monsieur, vous vous trompez c’est 20 dollars. Il tente de nous expliquer que c’est 20 dollars à l’ambassade mais qu’ici c’est 23. On lui demande un reçu, il nous dit qu’il peut nous en faire un mais pour 25 dollars seulement. Encore un qui n’est pas très crédible. A moins qu’ils veuillent tous nous faire un prix ?
Encore une fois on attend. Ça ne sera pas long cette fois, sans nous regarder il nous tend les passeports avec le nouveau visa cambodgien et en murmurant tout de même un « Go go go!!! » nerveux.
Dernière étape, dernier bureau, le tampon d’entrée sur le territoire. Là encore c’est l’agent qui commet une erreur, certainement trop habitué aux touristes qui à ce moment-là, fatigués des négociations, ne résistent plus, il nous tend les passeports déjà tamponnés tout en réclamant ses 4 dollars. Raff, faisant mine de ne pas comprendre lâche un, à ce moment la, majestueux « No thank you » qui laisse le policier bouche bée et l’empêche de résister quand on lui reprend nos précieux documents des mains.
On repart sur nos vélos dans une franche rigolade, prêts à découvrir ce nouveau pays très accueillant !!
Comment
Je dois avouer que le « No thank you » c’est la classe ! Je vais m’en reservir !!