On y est, ou plutôt, j’y suis. Cette journée tournera, tout doucement, une page sur trois mémorables mois de voyage à vélo.
Une belle journée que je ferai trainer, la piste ne me permettant de toute façon pas d’avancer plus vite.
Les cris des enfants ont été des plus intenses, ils arrivent de partout, nous obligeant souvent à chercher du regard le petit être qui est à l’origine du « hello » joyeusement lancé d’entre les habitations.
Un feu d’artifice, le bouquet final d’une intense histoire sur laquelle je peux, maintenant, me retourner.
La journée fut aussi colorée, les nombreuses récoltes qui sèchent au soleil devant les maison. Maïs, herbes mais surtout épices, beaucoup d’épices dont les vapeurs suffisent à nous chatouiller les narines quand on passe devant.
Notre faible allure nous permet de discuter avec quelques habitants, les nombreux enfants d’abord. « What’s your name ? Where are you from ? How old are you ? » etc. Tous leurs cours d’anglais y passent. Des personnes plus âgées aussi, pas d’anglais cette fois, on se débrouille avec quelques gestes, des noms de villes mais surtout des regards et des sourires.
Pour que cette journée soit un condensé des trois derniers mois, il fallait qu’il y ait un souci avec le vélo. On évitera les rayons, il ne m’en reste plus beaucoup. Une crevaison, à l’instant même où on rejoint enfin une route goudronnée : « Raff!! Ich habe einen platten !! », avant qu’il ne soit trop loin pour m’entendre. On dédramatise complètement la situation en rigolant face à ce qui se devait d’arriver. D’anciens cambodgiens reprennent notre rigolade en cœur et nous indiquent un cabanon du doigt.
Le cambodgien, plus jeune, qui y somnole, viendra à bout de cette crevaison en un tour de main. En huilant ma chaîne, il se met aussi à rigoler (décidément !) et me demande jusqu’où je compte aller tout en me montrant les nombreux rayons cassés.
La roue a tenu le coup, un dernier rayon casse sur la grande route qui lentement pénètre jusque dans la capitale cambodgienne. Il m’en manquera huit ou neuf en arrivant (dire qu’en Thaïlande je me suis inquiété pour un rayon cassé…)
Phnom Penh, nous y voilà, c’est grand, c’est bruyant, la circulation est bordélique, ça vit. Tout simplement, on est bien dans une capitale !
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